COLLEGE DRUIDIQUE DES GAULES

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Le Chêne dans notre région

Il y a 2000 ans (ère officielle), de vastes forêts couvraient le territoire actuel formé par les départements du Nord et du Pas de Calais. De ces forêts, il ne reste plus que quelques ilots disséminés sur l’ensemble de cette région mais qui ne forment plus aucune continuité sylvestre.

 

Elles furent d’abord mises à mal par l’occupant romain qui y voyait des zones difficilement contrôlables et où pouvaient se réfugier des combattants gaulois encore farouchement opposés à sa présence et toujours enclins à en découdre avec les légionnaires de César. Nous l’avons vu dans l’article « un peu d’histoire…Belge », César n’eut pas une campagne de tout repos en Gaule-Belgique.

Ensuite, lors de la « christianisation » du pays et l’arrivée des premiers moines, ceux-ci, inlassables défricheurs, terminèrent le travail des conquérants latins, soucieux qu’ils étaient, d’entourer leurs abbayes de vastes étendues cultivables et donc génératrices de profits .

 

Cependant,  si nous suivons une route d’est en ouest, à peu de chose près, l‘ancienne voie sacrée « Brunehaut » (citée dans le texte « les hautes pierres dans le plat pays ») qui va de Bavay à Cassel, c’est là que nous  trouverons les derniers carrés de résistance forestière dans notre région.

D’abord, au sud de Bavay, la forêt de Mormal, puis, en partant vers Tournai, avant de passer la frontière belge au village de Brunehaut (eh oui !), la forêt de St-Amand  et ses célèbres sources. De Tournai, pays  des Nerviens, à Bailleul, terre des Ménapiens, c’est une tout autre forêt que nous pouvons découvrir, la forêt de briques et de bétons de l’immense conurbation Lilloise, avec un ilot  vert, la forêt de Phalempin. Terminons notre voyage ; après Bailleul, un peu au sud d’Hazebrouck, nous trouvons la forêt de Nieppe et enfin, un peu à l’ouest de Cassel, la forêt de Clairmarais, près de la pittoresque cité de St-Omer, capitale du marais audomarois.

Comme tous les peuples Celtes, les tribus Gauloises de notre région vénéraient le Chêne, l’arbre roi, l’arbre des Druides, et de fait, beaucoup de noms dans la toponymie régionale évoquent cet arbre. Il faut cependant préciser que le Français et une langue véhiculaire relativement récente dans notre région. La Flandre française parlait Flamand (encore par endroit), une langue dérivée du Néerlandais, l’Artois et le Hainaut s’exprimaient dans un patois issu du dialecte Picard (qu’on appelle le Ch’ti) et dont le patois Wallon est l’une des formes. Dans ce patois, le « Ch » Français devient « Qu’ », c’est ainsi qu’un chien devient un quien ; un cheval, un qu’va et ne vache, une vaque. Le chêne n’échappe pas à cette forme vocale et devient donc ici un Quene ou Quesne et c’est sous cette dénomination qu’il a donné son nom à plusieurs villes de notre région : LE QUESNOY, QUESNOY S/DEULE,  à plusieurs villages : LOUVIGNES-QUESNOY, QUESNOY en ARTOIS, QUESNE Raoult. Son nom est aussi repris dans certains noms de quartiers de villes : LE QUESNE à MARCQ en Baroeul ou la DUQUENIERE à CROIX.  Dans certaines villes, les noms de quartier ont été francisés : le CHENE HOUPLINE à TOURCOING, ou la FOSSE AUX CHENES à ROUBAIX. Notons que le nom de la ville de TOURCOING, selon certains chercheurs, serait une déformation du nom « TOR QUESNE » ou chêne de Thor.

 

 

 

En Picardie voisine (désormais région Haut de France avec  le Nord- Pas de Calais), signalons les villages de LE QUESNE, LE QUESNEL en Santerre, QUESNOY le Montant, QUESNOY S/Airaines, LE QUESNEL  AUBRY.

 

Nombre de patronymes  « bien de chez nous » sont également issus de ce nom, il suffit de jeter un coup d’œil sur un bottin téléphonique pour trouver une profusion de LEQUESNE ,  DUQUENE OU DUQUENNE, DUQUENNOY  OU DUQUESNOY , FAUQUENNOY etc… Des patronymes souvent  donnés par indication du nom du lieu dont étaient originaires leurs porteurs

 

Passons maintenant en Flandre française, là ou presque tous les noms de lieux sont d’origine Flamande. Ici, plus de Quesne, encore moins de chêne, mais le nom Flamand : EKE ou ECKE, issu du Néerlandais EIK.  Et justement, près de CASSEL, le village de EECKE   et près de là également le village d’ARNEKE.  Comme pour le nom QUESNE,  nombre de patronymes sentent bon le chêne régional : les EEKHOUT ou ECKHOUT, EECKMANN, VANEECKE ou VANECK, VANEEKHOUTTE, etc…

 

Parmi  les nombreuses légendes qui courent dans le Plat Pays, aussi nombreuses qu’en Bretagne ou dans le Berry, beaucoup d’entre elles associent le chêne, soit à la présence d’un Saint Ermite, soit à une source, soit à une manifestation de la Vierge, qui lui fait partager ce privilège avec l’Orme ou le Tilleul

 

Au-delà du temps et des aléas de l‘Histoire, au-delà des destructions et des persécutions, blottie entre les branches puissantes des géants bienfaisants à a chevelure feuillue, la GRANDE DEESSE BLANCHE de nos anciens, continue à protéger sa terre et son peuple, heureux celles et ceux qui arrivent à découvrir son sourire dans la verte frondaison.

 

Je terminerai pour signaler, qu’à quelques kilomètres au delà de  la frontière Franco-Belge,  se trouve un dolmen, familier pour certains, celui de RUYEN, sur le mont de l’Enclus  (Kluisbergen en Flamand), un petit village qui porte le nom de, vous vous en doutez :  QUESNOY

 

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Source : Guide de la Flandre et l’Artois mystérieux

Par Claude Malbranke – Tchou éditeur



26/04/2016
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